30 avril 2018

Quand on demandait il y a cinquante ans à quoi ressemblerait l’an 2000, on répondait voitures volantes, individus immortels et colonisation spatiale. Heureusement, rien de tout ça ne s’est produit. Si on refait cette demande aujourd’hui, on va nous dire catastrophe écologique, choc des civilisations, accident nucléaire … Qui ne se produiront peut être pas davantage, espérons le … Pour en savoir quand même un peu plus sur ce qui nous attend, allez visiter l’exposition # Humain Demain, visible au Quai des Savoirs jusqu’au 2 septembre.

La question des évolutions scientifiques et technologiques est dans l’air du temps avec des mots comme robotique, intelligence artificielle, big data, organismes génétiquement modifiés, nanotechnologies, et autres technosciences … sans qu’on comprenne toujours bien ce qui se cache derrière. On a pu voir par exemple récemment au Château d’Eau la photo d’un robot qui avait l’air de se reposer et de rêver.

20180310_165051

L’exposition du Quai des Savoirs traite des évolutions potentiellement attendues dans les domaines de la santé et du rapport au corps. Elle est répartie dans cinq espaces, ou showrooms, chacun avec sa propre thématique. Ces espaces se présentent comme des genres de magasins, où on trouve une sélection de propositions exposées dans des vitrines. On passe des innovations dans le genre gadget pour start-up qui ne sait plus quoi inventer, à des innovations qui font entrevoir un changement plus profond, parfois de l’ordre de la SF très futuriste. On se demande d’ailleurs si ces innovations existent réellement ou bien si elles ne sont que le produit d’un cerveau farfelu, à l’instar de ce jeu des innovations insolites que je vous avais proposé autrefois.

L’originalité de l’expo est qu’elle donne la possibilité au visiteur de faire ses courses dans ces magasins et de voter avec bracelet connecté pour les innovations qu’il souhaite voir déboucher. L’exposition n’est pas très spectaculaire en apparence. Elle vaut surtout pour ce qu’elle donne à penser. Comme souvent hélas, l’exposition ne donne pas vraiment accès à une compréhension scientifique ou technique. Par exemple, vous n’en saurez probablement pas davantage sur ce qu’on appelle Intelligence Artificielle ou IA, même si ce terme est maintenant mis à toutes les sauces.

Quelle merveille le cerveau

Attention spoiler : Je vais maintenant vous donner quelques exemples amusants de ce qu’on peut trouver dans chacun des showrooms. Dans le premier espace, « Tous connectés », on nous laisse imaginer ce qu’on pourrait faire avec des puces, internet et un peu de goût. Par exemple implanter une puce qui met le cerveau en direct avec internet. Ou bien télécharger le contenu de notre cerveau sur une carte mémoire.  Il faut rendre justice à Vuillemin qui a su voir depuis longtemps l’intérêt de ces puces savantes, comme on peut le voir en cliquant sur le lien.

Le deuxième espace « Hacking » nous fait entrer dans le monde mystérieux du Big Data et nous parle de la data (au singulier s’il vous plait) comme le nouveau pétrole du XXI° siècle.

Le troisième espace « Programmation ADN » nous fait miroiter les possibilités offertes par les manipulations génétiques, et elles donnent en effet le vertige. On peut voir dans ces manipulations une porte ouverte vers l’eugénisme, cette idée qui est un peu passée de mode avec celle du prénom Adolf. Beaucoup de parents, dont je fais partie, auraient bien aimé en tout cas avoir eu la possibilité de ne pas transmettre leurs défauts à leurs enfants. On apprend en passant que 300 personnes dans le monde se font déjà faites cryogéniser après leur mort, dans l’espoir de ressusciter.

Le quatrième espace traite des « Robots et de l’ IA ». De nouveaux métiers apparaissent tous les jours pour les robots, ils ne risquent pas le chômage. Par exemple, on prévoit des robots pour assister et distraire les vieux, genre yoga et musée virtuel, merci bien. Plus fort encore, on imagine une compagne virtuelle pour célibataire, une compagne que l’on peut débrancher de temps en temps, ce qui en fait bien sûr tout l’intérêt. Et aussi des bébés robot, pour s’entrainer avant de faire prendre des risques à un vrai bébé.

Seguei - Le Monde

Le dernier espace enfin traite des « Prothèses, greffes & implants ». Réparer les humains, voilà l’objectif. Dans ce domaine, il me semble que nous ne faisons que perfectionner des techniques inaugurées il y a bien longtemps. On peut voir ici que les Egyptiens anciens avaient déjà implantées des prothèses de gros orteil. Un exploit si on considère qu’ils ont pu innover sans connaitre un mot d’anglais.

20180327_160601

Il est intéressant à la fin de la visite de prendre connaissance des votes du public et de voir ce que ces votes révèlent de notre vision du futur. L’innovation qui arrivait en tête des suffrages à la date de ma visite était celle du robot pour les vieux, précédant celle de l’exosquelette pour remarcher. L’implant pour booster la mémoire arrivait en bonne place et la suite, je ne m’en souviens plus.

Je constate quand même que cette exposition nous manipule, en nous cachant sciemment que  le traducteur simultané existe déjà bel et bien. Il suffit en effet d’un smartphone muni de micro et d’écouteurs pour entendre en français ce que raconte en anglais quelqu’un en face de vous. La connaissance de l’anglais est aujourd’hui devenue une compétence secondaire, comme le calcul mental. Mais on se garde bien de nous le dire, comme par hasard, pour ne pas contrecarrer la domination des anglo-saxons et de leurs complices des Business Schools.

Il y a plus grave pourtant, puisque personne ne nous reparle de l’homme immortel. Il faut regarder de près le programme du Sorano pour trouver les 11 et 12 juillet un spectacle intitulé « La mort est une maladie dont nos enfants guériront ». L’éternité, voilà l’avenir.

Et encore quelques rendez-vous dans la semaine :

Serada 50 ans de Mai 68 amb Claudi Marti  / De mancar pas ! / Dimecres 2 de Mai 19 h / Sala San Subra, 2, car. San Subra (Tolosa) (Métro : San Subra Republica) / Plan Mercès de far virar … Je ne vous traduis pas, même si l’occitan est lui aussi devenu une compétence secondaire.

Ubu Roi au Sorano du 2 au 5 mai. Le père Ubu, c’est l’ami de la phynance et du décervelage. Toujours d’actualité et probablement éternel.

Christian Pruvost le 3 mai au Hangar. Ce sont des solos  tuilés de trompette, organisé par Un Pavé dans le Jazz. Longue vie à ceux là.

Joey Starr clamera les plus grands discours prononcés à l’Assemblée nationale par des Immortels comme Simone Veil, Jaurès, Victor Hugo … le 5 mai à 20h aux Halles de la Cartoucherie, en ouverture du festival de photos MAP.

La Cinémathèque programme une thématique Kaurismäki du 28 avril au 31 mai. Un regard sur la société des hommes comme elle va. Et le cinéma pour le transfigurer. Humaniste, généreux, porté par un burlesque aussi déjanté que mélancolique, le cinéma de Kaurismaki est espoir. Un cinéma de la dignité. Celle des exclus, des laissés-pour-compte, des marginaux, des désaxés. Un cinéma qui fait du bien au cœur. Et aux yeux. Une rencontre avec Aki Kaurismäki & André Wilms aura lieu le 4 mai à la Cinémathèque.

La pièce Unwanted Rwanda sera donnée du 3 au 5 mai au théâtre Garonne. Sur ces génocides du Rwanda en 1994, on ne se rappelle pas toujours qui des Hutus ou des Tutsi sont les bourreaux. Comme si on ne connaissait pas la différence entre les Juifs et les Nazis. Mais certains, et c’était le cas de Simone Weil, n’aiment pas qu’on relativise les génocides, la Shoah ne pouvant se comparer à rien d’autre. Humain, Trop humain, disait Nietzsche. Et on voit bien qu’il existe aussi des inhumains. Est-ce qu’on pourra un jour réparer l’inhumanité ?

Laisser un commentaire