Lundi 29 janvier 2024

N’ayez pas honte d’avoir été parmi les lecteurs du magazine Spirou dans son âge d’or des années 50 et 60. Votre âge n’est pas contagieux. Et même si vous n’avez pas la chance d’être vieux, vous connaissez quand même les Schtroumpfs, Lucky Luke, Boule et Bill, Gaston Lagaffe …

Les couvertures du magazine que vous voyez en image sont parus en 1966 ; elles sont donc trois fois plus proches de la seconde guerre mondiale que de notre époque.

Le Spirou de la guerre, justement, fait l’objet de l’exposition « Spirou dans la tourmente de la Shoah » et elle est visible au Musée Départemental de la Résistance et de la Déportation jusqu’au 2 mars.

Il y a au moins deux sujets intéressants dans cette exposition. Le premier sujet est celui de la bande dessinée « Spirou. L’Espoir malgré tout » publiée à partir de 2018 par le dessinateur Emile Bravo. Dans cette série, Emile Bravo fait se côtoyer Spirou, qui est un personnage de fiction avec les figures réelles que sont Felix Nussbaum, le peintre allemand de la Nouvelle Objectivité, et sa femme Felka Platek, tous deux déportés en 1944 à Auschwitz. L’exposition nous montre des originaux et des fac-similés des planches de l’album, ainsi que des documents d’époque qui nous font revivre cette période du début de la guerre, depuis mai 40, date à laquelle les Allemands sont entrés en Belgique.

Le deuxième sujet concerne l’histoire du magazine Spirou, dont les responsables ont été exemplaires pendant la guerre. Créées en 1922, les éditions Dupuis lancent, en avril 1938, le premier grand journal pour la jeunesse en Belgique. Le personnage Spirou a été créé par Rob-Vel et il sera ensuite dessiné successivement par Jijé et Franquin, puis par une pléiade de dessinateurs. Le journaliste Jean Doisy a été le rédacteur en chef du magazine de 1938 à 1955. Doisy s’est investi en politique dans diverses organisations anti-fascistes. Dès 1940, il entre dans la Résistance. Dans les coulisses du journal, il mène une guerre invisible, offrant une couverture à des actions clandestines. A la suite de l’opposition de la famille Dupuy à une ingérence allemande dans le CA, le journal est contraint de s’arrêter de sept 43 jusqu’à la libération de la Belgique en oct 44. Doisy crée alors un théâtre de marionnettes qui lui permet de continuer à faire vivre les personnages et d’animer son réseau de résistance.

Il y avait beaucoup de monde, jeunes et vieux, quand j’ai visité cette exposition. L’exposition se veut instructive et pédagogique, en proposant un livret Jeune Public : il faut être attentif pour pouvoir répondre à toutes les questions. Par exemple vous ferez un rapprochement inattendu entre Spirou et la place Esquirol. Cette exposition mériterait bien une place dans la série des Belles Histoires de l’Oncle Paul qui a contribué à la légende du journal.

Dans la semaine, on trouve :

  • La suite du festival Détours de Chant, avec en particulier le concert de Batlik en clôture aux Mazades. La buvette sera ouverte pour l’occasion. Soyez indulgents avec ceux qui vous serviront, ils n’ont pas l’habitude d’être du mauvais côté du comptoir.
  • Le 30 janvier à 18h à la médiathèque Cabanis, conférence sur les PANs ou OVNIs par Vincent Costes. Vincent Costes est responsable du GEIPAN, le Groupe d’Etude et d’Information sur les Phénomènes Aérospatiaux Non-identifiés au CNES. Il sait de quoi il parle et en plus, il est adorable.

  • Restons en altitude et rendons-nous le 1° fév au café l’Astronef, place des Avions. On y trouvera un tout nouveau trio de jeunes filles (clavier voix, basse, vielle à roue) pour un concert organisé par Un Pavé dans le Jazz.

Vous connaissez peut être Le Hangar, cette scène indépendante consacrée au théâtre, mais pas que. Situé rue des Cheminots, non loin de la gare, Le Hangar ne va pas tarder à être démoli, pour cause de reconstruction du quartier dans le cadre du projet du Grand Matabiau. Vous trouverez dans Le Brigadier de ce mois-ci un dossier sur cette structure. Profitez de cette salle tant qu’elle est encore là, en allant par exemple voir le spectacle « Esthétique de la noyade » avec Lise Avignon (du 1° au 3 février). Et signez la pétition pour un relogement.

Du 26 jan au 4 février aura lieu le Festival de films LGBTQIA + « Des Images aux Mots ». On y relève en particulier la présence de Sébastien Lifshitz qui viendra le mercredi 31 jan à 19h à la cinémathèque présenter deux films qualifiés de rares et exceptionnels. Sébastien Lifshitz est un cinéaste documentariste considérable. Si vous ne les connaissez pas encore, je vous recommande trois de ses films les plus récents : Adolescentes (2019), Petite fille (2020) et Casa Suzanna (2022). Ces films nous instruisent intelligemment sur les diversités de la nature humaine et si on en sort transformé, c’est dans le bon sens.

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