26 septembre 2016

Le Printemps de Septembre, quel drôle de nom pour un printemps ! A l’origine de ce dérèglement climatique, on trouve la rencontre de Cahors avec le couple Alain Dominique et Marie Thérèse Perrin. Lui est le PDG d’un groupe suisse de luxe, célèbre pour les montres que je ne porte pas. Il est aussi président de la fondation Cartier pour l’Art Contemporain et il est propriétaire du château Lagrézette dans le vignoble cadurcien. Avec l’argent et le luxe, on trouve bien souvent l’art contemporain et le vin. Regardez Bernard Arnault (sans qui le film Merci Patron ! n’aurait pas pu exister) et François Pinault. Et donc Marie Thérèse Perrin a créé à Cahors dans les années 90 un festival de photos contemporaines, le Printemps de Cahors.

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Mais au bout de quelque temps, les choses se sont gâtées avec la municipalité de Cahors. Peut être parce que les Cadurciens, dont les origines remontent aux hommes préhistoriques, ont largement eu le temps de voir passer de l’art contemporain depuis 30 000 ans et qu’ils commencent à être blasés. Dans leurs grottes déjà, le meilleur moment, c’était le vernissage.

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Le Printemps est allé chercher ailleurs une municipalité plus accueillante et il a déménagé en 2001 à Toulouse avec un créneau à l’automne. D’où le nom de Printemps de Septembre, quand même bien trouvé. Cette manifestation a eu à Toulouse des hauts et des bas. Le festival avait besoin d’être requinqué, ayant souffert de changements d’identité erratiques et inappropriés. Un nouveau commissaire Christian Bernard est arrivé cette année, avec dans l’idée de le relancer en l’ancrant dans le territoire. On lui souhaite bonne chance

Le festival 2016 aura lieu du 23 septembre au 23 octobre. Je ne connais rigoureusement personne dans le programme, pourtant touffu. Je ne sais pas trop par quel bout le prendre. Comme souvent, les textes de présentation ne sont pas très explicites. L’art contemporain est aisé, mais la critique est difficile. Dans le meilleur des cas ces textes sont mystérieusement évocateurs d’un secret qu’il ne nous reste plus qu’à prendre le risque d’aller découvrir.

Je vais quand même trahir un peu du secret de l’exposition de Hans Op de Beeck aux Jacobins. Elle nous est présentée dans le programme comme un étrange paysage monochrome qui convie les visiteurs à une escale tantôt silencieuse, tantôt chuchotée, invitation à la méditation et à la rêverie. Et j’ai vu passer dans La Dépêche une annonce pour recruter des figurants bénévoles pour ce spectacle, à qui on aurait demandé d’habiter silencieusement le paysage conçu par le plasticien, à la manière des moines zen bouddhistes. Hélas, les figurants ne sont pas au rendez-vous et je trouve que c’est dommage.

Et en clôture, le samedi 22 octobre au CDC (5 avenue E. Billières), j’ai relevé un Bal en hommage à Dada. La présentation nous promet quelque chose de festif et de poétique. C’est comme qui dirait spécialement fait pour vous. Et si vous ne savez pas danser, ce sera encore mieux pour un hommage à Dada. Pour les jeunes qui n’auraient pas connu Dada, je dirais que c’est un peu comme les Zazous.

Toujours dans le domaine de l’art contemporain, je vous signale que l’Espace Ecureuil a ré-ouvert le 1° septembre. Cet Espace se trouve place du Capitole et présente gratuitement des expositions de bonne tenue. J’ai eu la chance d’assister à la soirée d’inauguration, avec un opéra dansé de la compagnie Vulpès. Une des choses les plus fascinantes que j’ai vues depuis la rentrée. Cet espace est dirigé par Sylvie Corroler qui donne des conférences sur l’art contemporain.

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Il se peut très bien que vous ayez besoin de vous remettre de l’art contemporain. Je vous conseille alors quelque chose de plus récréatif, avec la 4eme édition de l’exposition Mister Freeze, dédiée au graffiti et au Street Art, qui se déroulera du 27 septembre au 9 octobre prochain à Toulouse, sur le site du 50cinq, ancien bâtiment industriel au 55 avenue Louis Bréguet, sur le quartier de Montaudran. J’y suis allé l’an passé et l’expo très spectaculaire valait vraiment le déplacement.

Le festival Match & Fuse en est à sa deuxième édition. Après sa première édition française à Mix’Art Myrys en 2015, le festival européen Match&Fuse repose ses bagages cet automne à Toulouse : 3 jours, 5 lieux, 8 pays représentés par 16 groupes de musiques audacieuses. Ils ont l’air bien sympa, mais je ne capte pas tout ce qui se cache derrière des mots comme Electronica Pop, Apocalyptic Space Funk, Post Punk Jazz, Abstract Hip Hop … Il y a quand même là dedans deux propositions de jazz que je vous recommande :

– Le jeudi 29, à 12h30, gratuit, la Pause Musicale accueille Leïla Martial & Valentin Ceccaldi dans la maison de l’Occitanie, 11 rue Malcousinat. Deux poètes en symbiose. Est-il pertinent de qualifier Leïla Martial de chanteuse ? On en doute. C’était bien trop ovniesque. Sa voix ? Quelque chose de céleste. De non identifié. Technique et extrêmement précis pourtant. Les syllabes d’un langage qui nous est inconnu. Et qui nous conte bien des choses. Des onomatopées déconcertantes de par leur originalité. Elle exhale des émotions façonnées avec dextérité. D’un coup sec parfois ou alors en jouant sur des sinuosités. C’est délicieusement déjanté. Une douce folie intensifiée quand, le lendemain, elle présente le projet “Baabox” avec le batteur Éric Perez et le guitariste Pierre Tereygol. Et justement on retrouvera Leïla Martial avec cette formule de trio dans la cadre de Jazz sur son 31. Ca se passera le mardi 18 octobre à 18h30 dans la cour du Conseil départemental.

– Le samedi 1° octobre, à 20h30, Mix’Art Myrys, en association avec Un Pavé dans la Jazz, le concert Shore to Shore dans la cadre de la formule Bridge. Cette formule qui en est à son numéro 4, consiste à faire jouer ensemble et dans divers endroits des deux côtés de l’océan deux musiciens français avec deux musiciens de Chicago. On assistera là au match retour.

Le festival Ciné Espana se déroulera du 30 septembre au 9 octobre. Ce festival est parait-il le plus important d’Europe hors Espagne. Il souffre lui aussi d’une baisse de subventions. En plus des apéro-concerts qui vous permettront de les soutenir sans trop vous forcer, je vous signale trois rendez-vous intéressants :

– Le lundi 3 octobre à 18h, rencontre à l’ABC avec Albert Serra suivie d’une projection en avant première de son dernier film La mort de Louis XIV avec Jean Pierre Léaud dans le rôle du roi-soleil.

– Le vendredi 7 à 21h30 à la cinémathèque, projection en présence de Sergi Lopez du film Le labyrinthe de Pan réalisé par Guillermo del Toro. Un magnifique film fantastique, un enchantement visuel dans le contexte oppressant de l’Espagne franquiste.

– Le vendredi 30 en ouverture à 21 h à la cinémathèque (et repris le samedi et mercredi), le film Sexo, Maracas y Chihuahuas qui raconte l’histoire de Xavier Cugat, le roi du mambo, de la rumba et du chachacha. Le nom de Xavier Cugat est cité dans les paroles de Joe le Taxi, la chanson de Vanessa Paradis.

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Aurélien Bory, le metteur en scène, vous le connaissez. Avec sa Compagnie 111, il nous a proposé des spectacles merveilleux comme Plan B, Plus ou moins l’infini, …  Il a été récemment chargé de remonter le théâtre de la Digue. Son onzième spectacle, Espæce, inspiré de Georges Pérec, a été créé au festival d’Avignon de 2016. Ce spectacle est programmé au TNT du 13 au 17 décembre. En attendant, vous pouvez aller voir son installation Spectacula visible au TNT du 30 septembre au 15 octobre, entrée libre.

Benjamin Millepied, le danseur, vous le connaissez peut être par Relève : histoire d’une création, ce documentaire récent qui le montre à la tête du ballet de l’Opéra de Paris en train de préparer un spectacle. Dans ce film, on découvre un bonhomme très attachant et absolument charmant. Il fait passer un vent de fraicheur dans une institution qui n’en avait pas l’habitude. Tellement que la greffe n’a pas pris et que ce Millepied est depuis parti danser ailleurs. Et par exemple à Odyssud avec son L.A. Dance Project les 4 et 5 octobre à 20h30.

Je vous signale également la 9° édition du Festival de la Bohème qui aura lieu à Muret du 30 septembre au 1° octobre. Ils nous disent que La Bohème est l’un de ces festivals à « taille humaine », où les échanges et la convivialité sont des priorités, il n’en demeure pas moins que la programmation est digne des « gros ». Mais je n’y suis encore jamais allé.

Ce mardi 27 septembre, le Bijou accueille l’exposition de photos de Jean François Le Glaunec consacrées au monde de l’accordéon. Pour l’occasion, des accordéonistes viendront de 18h à 19h « refiler un peu d’air dans les poumons de l’accordéon ».

Et encore deux sorties pointues pour cette semaine chargée :

– Le mercredi 28 septembre à 18h, la médiathèque Cabanis programme le sextet toulousain Stabat Akish, emmené depuis 2007 par le contrebassiste Maxime Delporte. Ce groupe est présenté comme influencé par le rock progressif des années 70. Pour les avoir entendus, je parlerais plutôt d’un jazz énergique et expressionniste, sans la virtuosité tape à l’œil et grandiloquente que l’on a pu reprocher au rock progressif contaminé à mon goût par une sorte de symphonyphilis.

– Les 27, 28, 29 septembre à 19h30 et les 30 septembre et 1° octobre à 20h, le théâtre du Vent des Signes nous propose la pièce de Anne LefèvreJe dirai qu’il est trop tard quand je serai morte”.

Anne Lefèvre, je l’ai vue l’an passé dans son spectacle solo “Et toi”. Ce n’était pas anodin. Le genre de spectacle qui tient à peu de choses pour être génial ou tête à claques, un peu comme Brigitte Fontaine. Un spectacle autour du monde de ses émotions et de ses fêlures, confrontées à la réalité têtue du terre à terre. Le réel, c’est quand on se cogne, disait Lacan. Et elle voulait savoir si nous aussi on avait des trucs qui clochent. Dit comme ça, forcément on en trouve.

Le théâtre du Vent des Signes, normalement vous ne savez pas où il se trouve, à moins d’être un fondu de théâtre ou un lecteur attentif de la Vie en rose. Le Vent des Signes se trouve au fond de l’impasse de Varsovie, proche du marché Saint Cyprien. Ca me donne l’idée de vous préparer un genre de quizz, pour savoir si vous méritez tant que ça la fierté que vous éprouvez peut être à vous sentir un toulousain cultivé.

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